• ROBIN LE LUTIN DEMENAGE

     

     

    Chapitre 1

    Il était une fois un lutin qui s’appelait Robin. Il était très maladroit. Il habitait au Pôle Nord avec le Père Noël, sa femme la Mère Noël, ses trois enfants qui s’appelaient Elise, Laurène et Léa et les lutins.

    C’était l’avant-veille de Noël. Le Père Noël cria :« Tous mes cadeaux sont-ils prêts ? ». De sa petite voix, Robin le lutin répondit au Père Noël : « Oui, oui. Tous vos cadeaux sont prêts. ». Mais le Père Noël ne l’entendit pas. Robin courut pour le rattraper et il reprit : « Oui, oui, vos cadeaux sont prêts. ».

    Mais hélas, Robin, qui avait quatre cadeaux dans les mains, finit par trébucher sur une paire de chaussures neuves. Le Père Noël, mécontent, cria de sa grosse voix « Ce n’est pas vrai Robin ! Maintenant ces quatre cadeaux sont à refaire ! »

    Chapitre 2

    Deux ans continuèrent comme ça. À la fin de chaque année, les cadeaux étaient toujours à refaire et c’était toujours à cause de Robin, qui était bien trop maladroit... Alors, notre Robin décida de déménager. Ca l’embêtait beaucoup car il adorait les trois petites filles du Père Noël et les lutins, et aussi parce qu’il devrait trouver un autre travail. Il réfléchit longuement et il mit deux mois avant de se rendre compte qu’il fallait vraiment qu’il déménage très loin. Il n’avait pas le choix...

    Chaque semaine, Robin avait l’habitude d’apporter tout de suite le journal de petites annonces « Bonjour le 69 » au Père Noël. Mais cette fois, il décida de lire d’abord les petites annonces de maison et de travail avant de l’apporter au Père Noël. En regardant dans le journal, il vit une maison qui était à vendre à l’orée de la forêt, à l’entrée du Pôle Nord. C’était une maison avec chambre, placard à balais, WC, salle de bains, cuisine, bureau, salle à manger et une piscine creusée sous le sol avec des cocotiers et des sapins plantés à côté.

    Il vit aussi une autre annonce. C’était pour un travail : « Patronne de bar s’appelant Emeline la lutine cherche un serveur lutin. » Il sauta de joie car les deux annonces l’intéressaient, mais tout à coup son visage s’assombrit... « Mes amis lutins et les trois petites filles du Père Noël vont me manquer... Le Père Noël et la Mère Noël aussi... Mais tant pis s’ils me manquent, j’irai les voir de temps en temps ! »

    Chapitre 3

    Robin fit ses bagages. Il emprunta le traîneau du Père Noël pour les mettre dedans avec les cartons du déménagement et il quitta tous ses amis. Au bout de 24 heures, il arriva à la maison et il la visita. Comme elle lui plaisait beaucoup, il décida de s’y installer.

    Le lendemain matin, il alla à son nouveau travail. Emeline la lutine était canadienne et elle parlait avec l’accent Québécois. Elle dit à Robin : « Et bein faudra que tu prennes les notes et servir les clients. ». Robin fit son premier jour de travail, mais comme il était très maladroit, il fit tomber les bouteilles d’eau sur la clientèle, les repas par terre et les carnets de notes dans les assiettes des clients qu’il avait réussi à servir...

    Comme Emeline la lutine avait besoin d’un serveur, elle le garda malgré sa maladresse. Et au fil des jours, Robin fit de grands progrès.

    Chapitre 4

    Au bout de quatre semaines de travail, Robin se rendit compte qu’il était amoureux d’Emeline la lutine. Un soir, après une longue journée de travail, il retourna à sa maison et il décida de se baigner dans sa piscine car il avait très chaud.

    Quelques minutes plus tard, il sortit de la piscine, il alla se sécher et il s’habilla. Il s’installa à son bureau et il écrivit une belle lettre à Emeline la lutine. Il termina par « Je vous aime très fort Emeline. Signé : Robin ». Puis il alla se coucher.

    Le lendemain, il se dépêcha pour aller au travail. Emeline était malade ce jour-là. Alors à la fin de la journée, il déposa la petite lettre sur le comptoir du bar.

    Chapitre 5

    En rentrant chez lui, comme il avait très chaud, Robin décida à nouveau d’aller se baigner. Mais hélas, au bord de l’eau, il se prit le pied dans une ficelle, et tomba la tête la première dans la piscine. Sa tête heurta le fond du bassin et il s’évanouit...Le pauvre lutin allait mourir !

    Comme Emeline la lutine se sentait mieux, elle avait décidé de passer à son bar pour voir si Robin y était encore. Elle vit la lettre sur le comptoir et la lut. Aussitôt elle se rendit chez lutin et le trouva dans sa piscine, presque mort. Elle appela immédiatement les pompiers. Ils arrivèrent très vite et ils emmenèrent Robin à l’hôpital. Robin fut sauvé !

    Tous les jours, Emeline alla le voir dans sa chambre. Deux semaines après, Robin put reprendre le travail et retourner chez lui. Comme le lutin et la lutine étaient très amoureux, ils décidèrent de se marier.

    Lors du mariage, Emeline fut la plus belle de toutes les mariées de la Terre. Le Père Noël, la Mère Noël, leurs trois filles et les lutins participèrent à la fête.

    Robin et Emeline eurent ensuite beaucoup d’enfants et ils vécurent heureux pour toujours, car vous savez bien que les lutins sont immortels. A part s’ils se noient dans une piscine, bien sûr !

    Et un jour, leur fille....

    Ah non ! Ca, c’est une autre histoire que nous vous raconterons une autre fois !!!

    FIN

     


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  • PINASHUESS

     

     

     

    En ce matin d'hiver, quand le soleil se leva sur la majestueuse forêt, un enfant surnommé Pinashuess vivait avec une famille, sous la tente. Pinashuess était un petit garçon très obéissant. Il aimait que son père lui apprît à chasser. Quand ils partait tous les deux, ils n'arrêtaient pas de parler car Pinashuess voulait tout savoir des animaux.

    Ce matin-là, ce n'était pas un jour comme les autres. Il faisait beau, il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel et c'était la veille de Noël. Comme chaque année, les famille passaient l'hiver dans les bois et déterminaient un point de rencontre pour passer la fête de Noël.

    Pinashuess décida d'aller voir ses hameçons tendus sous la glace.

    « Tiens, se dit-il, je sens que c'est un gros poisson. Maman va être contente, elle aura quelque chose à faire cuire pour la rencontre des familles demain à Noël. »

    Puis, Pinashuess retourna au campement. Il était presque arrivé lorsque soudain quelqu'un lui adressa la parole :

    - Keui Keui !

    - Keui Keui ! répondit Pinashuess en se retournant.

    Mais il ne vit personne, sauf un lièvre assis près d'un sapin. « Mais qui ça peut bien être ? Il n'y a personne ! » se demanda Pinashuess qui courut au campement en se disant que c'était sans doute sa mère qui l'avait interpellé. Il souleva la toile et vit que ses parents dormaient profondément. « Il doit sûrement y avoir quelqu'un derrière la tente... Mais non ! Pourtant, j'ai bien entendu une voix. »

    Le lièvre était resté à la même place et fixait l'enfant. Pinashuess réagit et fit semblant de courir. Le lièvre ne bougeait pas. Pinashuess refit le même geste. Le lièvre restait toujours immobile mais parla :

    - Bonjour, dit-il en montagnais. Voyons, qu'est-ce qui te prend ? Je viens juste te dire bonjour !

    Et Pinashuess, tout surpris de l'entendre parler :

    - Est-ce que c'est toi qui me parlait ? Non, ce n'est pas possible !

    - Eh oui ! répondit le lièvre, c'est bien moi ! Mais pourquoi es-tu surpris ? Ton père ne t'a jamais raconté qu'autrefois, il y a bien longtemps de cela, les animaux et les hommes vivaient ensemble. Il se côtoyaient et se comprenaient tellement qu'ils venaient à imiter leurs comportements respectifs. Tu vois, certains animaux empruntent encore aux hommes leurs habitudes de vie. Ainsi, lorsque vient le temps d'hiverner, les animaux étendent des branches de sapin dans le fond de leur trou à la manière des hommes qui mettent du sapinage dans leur tente en guise de tapis. Si tu voulais, je t'amènerait faire un tour au royaume des animaux car, chez nous, c'est aussi à Noël que tous les animaux de la forêt se rassemblent.

    - Ah oui ! J'aimerais tellement ça ! s'exclama Pinashuess. Mais il faut qu'on revienne avant que mes parents se réveillent. Il ne faut pas qu'ils s'inquiètent à cause de moi.

    - On y va ! rétorqua le lièvre. Mais avant, va me casser des branches de sapin. Je te dirai ensuite quoi faire.

    Pinashuess courut chercher le sapinage ; il avait tellement hâte de voir ce que le lièvre allait en faire.

    - Tiens, je les ai apportées, dit l'enfant en revenant. En as-tu assez ?

    - Oui, je vais en étendre un peu sur la neige et tu vas t'asseoir à côté de moi, expliqua le lièvre. Viens ! assieds-toi , ferme les yeux, et surtout, ne triche pas car mon pouvoir ne marchera pas.

    Alors, Pinashuess ferma les yeux très fort et, soudain, il se sentit comme soulevé et agité, comme s'il était emporté par les branches de sapin.

    - Maintenant, tu peux regarder, reprit le lièvre.

    Pinashuess ouvrit les yeux et la première constatation qu'il fit, c'est que ses mains étaient poilues et toutes blanches. Il regarda aussi ses pieds, il avait de longues pattes et sentait ses grandes oreilles se dresser.

    - Mais vous m'avez changé en lièvre ! s'exclama-t-il.

    - Ne t'inquiète pas ! répliqua le lièvre. Il fallait bien que je te transforme en lièvre pour t'amener visiter notre royaume. Sans cela, on ne t'aurait pas laissé passer ! Bon dépêchons-nous !

    Pinashuess se sentait bien dans la peau d'un lièvre. C'était la première fois qu'il courait si vite, Il agissait comme un lièvre. Il dressait ses grandes oreilles pour écouter et quelquefois il faisait des pirouettes. Il était tout émerveillé de ce qui lui arrivait et cria à son ami :

    - Regarde-moi, je suis aussi rapide que toi et je me sens si léger, on dirait que je vole. Je n'en reviens pas. C'est comme dans un rêve !

    Ils arrivèrent à la clairière du royaume. Déjà les animaux étaient très occupés à s'installer. Pinashuess était très heureux de pouvoir s'approcher d'eux, car il n'avait jamais eu l'occasion de les voir de si près. Il resta bouche bée à les regarder et les admirer. Il était si content d'être parmi eux et de pouvoir tellement mieux les connaître.

    Le lièvre lui suggéra de ne pas rester planté là :

    - Va te promener. Va leur présenter tes meilleurs voeux de Noël.

    Pinashuess s'approcha alors du renard qui était en train de construire son terrier.

    - Keui ! mon ami, dit-il. Je te souhaite d'avoir un pelage qui reflète la couleur du soleil.

    Et le souhait se réalisa à l'instant même.

    Pinashuess décida ensuite d'aller voir l'ours qui lui confia :

    - Si tu en viens à fonder une famille, prends bien soin de tes petits comme je l'ai toujours fait !

    - Tu mérites tellement de respect, lui répondit Pinashuess, que je te souhaite que toutes les nations t'appellent toujours « nimushum ounukum » comme te nomment les Amérindiens qui savent t'honorer.

    Puis Pinashuess alla saluer le caribou qui était tout ému de le recevoir. Le caribou lui offrit de l'eau du lac. Pinashuess, tout en buvant, vit son visage dans l'eau, et c'est ainsi qu'il lui dit :

    - Pour te remercier de ton hospitalité, je te souhaite qu'à chaque automne, lorsque viendra le temps pour toi de frotter aux arbres ton panache afin d'enlever la peau qui le recouvre tu puisses t'admirer sur le miroir des eaux avec tes majestueux bois qui font de toi le plus beau des animaux.

    Le caribou remercia Pinashuess et lui présenta son ami le castor.

    - Keui Keui ! mon ami, accepte mes meilleur voeux, dit Pinashuess en le saluant. J'ai toujours admiré la vaillance et la façon dont tu transmets le goût du travail à tes petits. C'est une grande richesse.

    La fête continuait, tous les animaux fraternisaient. Au même moment, Pinashuess aperçut une grosse boule noire parmi la foule. Son cœur se mit à battre car c'était son ami le porc-épic.

    - Je t'ai perdu, mais où étais-tu donc passé ? lui demanda l'enfant. Il y a longtemps que je ne t'ai vu !

    - Vois-tu, avec le temps qu'il a fait je n'osais pas m'aventurer trop loin de mon habitat, répondit le porc-épic. Mais je suis vraiment content de te rencontrer en ce jour de Noël et je t'offre toute mon amitié.

    Ce à quoi Pinashuess répondit :

    - Je te souhaite qu'à chaque année, lorsque tu grimperas dans les arbres, tu choisisses les sapins qui ont des aiguilles les plus pointues ; ainsi, tu pourras te frotter sur elles pour rendre ton poil plus rude et plus piquant, ce qui te servira de moyen de défense au cas où tu serais en danger.

    Déjà, on commençait à danser le makusham en signe de bienvenue à tous. Mais Pinashuess regarda le hauteur du soleil et comprit que c'était déjà le temps de partir. Il alla à la rencontre de son ami le lièvre. Ils s'installèrent sur les branches de sapin et repartirent. Déjà loin, ils entendirent les cris des outardes qui, à peine arrivées au rassemblement, pleuraient d'émotion. Et Pinashuess retourna fêter Noël avec sa famille et ses amis, tout heureux d'avoir vu aussi celui des animaux.

    J'offre cette légende en cadeau à chaque enfant car il sait à quel point les animaux comme les humains méritent toute notre amitié et notre respect.


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  •  

     

    C'était la nuit avant Noël, dans la maison tout était calme. Pas un bruit, pas un cri, pas même une souris!

    Les chaussettes bien sages pendues à la cheminée attendaient le Père Noël. Allait-il arriver?

    Les enfants blottis dans leur lit bien au chaud rêvaient de friandises, de bonbons, de gâteaux.

    Maman sous son fichu, et moi sous mon bonnet et vous prêts à dormir toute une longue nuit d'hiver.

    Dehors, tout à coup, il se fit un grand bruit!

    Je sautais de mon lit, courais à la fenêtre, j'écartais les volets, j'ouvrais grand la croisée.

    La lune sous la neige brillait comme en plein jour.

    Alors, parut à mon regard émerveillé, un minuscule traîneau et huit tout petits rennes conduits par un bonhomme si vif et si léger qu'en un instant je sus que c'était le Père Noël!

    Plus rapides que des aigles, ses coursiers galopaient, lui il les appelait, il sifflait, il criait:

     

    "Allez Fougueux, allez Danseur, Fringant et puis Renarde, En avant Comète! Cupidon en avant, Tonnerre, Éclair, allons, allons Au-dessus des porches, par delà les murs! Allez! Allez plus vite encore!"
    Comme des feuilles mortes poussées par le vent, passant les obstacles, traversant le ciel, les coursiers volaient au-dessus des toits, tirant le traîneau rempli de jouets

    Et, en un clin d'oeil, j'entendis sur le toit le bruit de leurs sabots qui caracolaient. L'instant qui suivit le Père Noël d'un bond descendait par la cheminée.

    Il portait une fourrure de la tête aux pieds, couverte de cendres et de suie, et, sur son dos, il avait une hotte pleine de jouets comme un colporteur avec ses paquets.

    Ses yeux scintillaient de bonheur, ses joues étaient roses, son nez rouge cerise, on voyait son petit sourire à travers sa barbe blanche comme neige.

    Un tuyau de pipe entre les dents, un voile de fumée autour de la tête, un large visage, un petit ventre tout rond qui remuait quand il riait; il était joufflu et rebondi comme un vieux lutin. Je n'ai pu m'empêcher de rire en le voyant et d'un simple clin d'oeil, d'un signe de la tête il me fit savoir que je ne rêvais pas: c'était lui!

    Puis, sans dire un mot, il se mit à l'ouvrage et remplit les chaussettes. Il se retourna, se frotta le nez et d'un petit geste repartit par la cheminée.

    Une fois les cadeaux déposés, il siffla son attelage, puis reprit son traîneau et les voilà tous repartis plus légers encore que des plumes

    Et dans l'air j'entendis avant qu'ils disparaissent:

     

    "Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit"


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  • LA LEGENDE DU BARDE CERVORIX

     

     

    Il existe une tradition ou plutôt une légende qui nous apprend la mort d'un Barde célèbre, de Cervorix.

    Non loin de la Saône, dans la pays des Aulerques-Brannovie, dans un bois consacré à Bélénos, un soir, le Barde Cervorix, assis sur un rocher solitaire (car il était entouré d'eau), instruisait ses disciples qui, tête nue, écoutaient ses paroles. 
    Cervorix pinçait les cordes d'une lyre d'ivoire enrichie de lames d'or. Cette lère epta corde était un présent des Druidesses de l'île de Sena.
    Tout était calme autour du Barde : l'eau, la terre, la forêt, ainsi que la voûte éclatante du ciel parsemée d'étoiles. Les disciples écoutaient les accents du poète, qui leur détaillait les merveilles du firmament, en leur faisant admirer la marche régulière et continue des astres, qui roulent dans l'espace infini.
    Tout à coup l'horizon s'obscurcit, des nuages épais étendent leurs voiles sur lui, un vent impétueux se met à souffler et à secouer les arbres, tandis que voltigent, autour de la tête du Barde des oiseaux de nuit. Un orage sinistre semble s'avancer, car les chiens hurlent sur la montagne.

    Alors Cervorix s'écrie avec dédain : 
    "L'homme en tant que matière n'est que lourdes vapeurs et fétides exhalaisons. Son enveloppe corporelle comprime les élans de son âme et retient ses meilleurs instincts, ceux, par exemple, qui lui commandent de quitter la terre pour une demeure plus fortunée. Qu'est-ce que la vie ? Rien ! Ce n'est pas le moment passé, celui qui va passer, mais le bon emploi du temps, qui est chose importante ! 
    Enfants de la Celtique, vivez en paix, songez à l'éternité et dites à tous que vous avez vu et connu le Barde Cervorix."

    Ayant ainsi parlé, il brisa sa lyre et des hauts du rocher sur lequel il se trouvait, il se précipita dans les flots. C'est pour perpétuer sa mémoire, que les Druides nomment cette chute d'eau le Saut de Cervorix devenu le Saut de la Cervèze par corruption du célèbre Barde.
    Le lendemain de ce triste jour un immense bûcher orné de fleurs et couvert d'aromates fut dressé près d'un dolmen et à l'heure de minuit, au moment où les sept étoiles de la Grande Ourse se reflétaient sur la surface de l'eau que contenaient sept troux de la table de l'autel Druidique, deux ministres d'Esus levant les mains au ciel, mirent le feu au bûcher, après avoir adressé au Dieu une sincère prière.

    Les Druides, la Druidesse, une jeune vierge et un Barde firent le tour du bûcher ; l'un des Druides jeta une coupe d'ambre, l'autre une lyre d'ivoire, la Druidesse son voile, la jeune fille une mèche de ses blonds cheveux, enfin le Barde, sa saie blanche comme le lys de la vallée.
    "Pleurez cette mort, dirent au peuple les Druides, on l'a accordée à votre amour ; mais chantez à jamais le trait de courage et de dévouement du Barde Cervorix !"

    Après la cérémonie de l'incinération, les cendres du Barde furent mises dans une urne en verre de couleur, sur laquelle avait été emaillée cette inscription :
    "Mortel ! Apprends d'où tu viens, où tu vas, regarde cette poussière. Elle fut ce que tu es, tu seras ce qu'elle est."

    Telle est l'origine du monde de la chute d'eau de la vallée de la Grosne. 


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    Un jour, un garçon d'une douzaine d'années avait mené le troupeau de moutons de son père sur les pentes du Petit-Freni, non loin du village de Crymych. Quand il fut arrivé à la pâture, il y avait encore un peu de brouillard autour du sommet de la montagne, et le garçon essayait de voir d'où était venu ce brouillard. Les gens du pays disait en effet que, lorsque le brouillard venait du côté de Pembroke, il ferait beau, mais s'il venait de Cardigan, il ferait mauvais.

    Comme il regardait autour de lui ce paysage tranquille et silencieux, la surprise le fit tout à coup sursauter : il apercevait en effet, sur les pentes du Grand-Freni, un groupe de gens qu'il croyait bien être des soldats, en train de s'affairer en cercle, comme pour un exercice. Mais le garçon commençait à connaître les habitudes des soldats, et il se dit lui-même qu'il était trop tôt dans la journée pour que ceux-ci fussent déjà là. Laissant le troupeau pâturer tranquillement sous la garde des chiens, il marcha dans cette direction et, quand il fut plus près, il constata que ce n'étaient pas des soldats qu'il voyait ainsi, mais des gens appartenant au peuple féerique. Et ils étaient occupés à danser en rond, sans se soucier de ce qui se passait autour d'eux.

    Le garçon avait entendu bien des fois les vieux du village parler des fés et, lui-même, il avait vu souvent les cercles qu'avaient laissées les "petites gens" sur l'herbe, le matin, après avoir dansé toute la nuit. Mais il n'en avait jamais encore rencontré. Sa première idée fut de retourner en hâte à la maison pour raconter à ses parents ce qu'il avait vu, mais il renonça à ce projet, se disant que les fées risquaient de ne plus être là lorsqu'il reviendrait.

    Il se décida à approcher prudemment pour mieux les observer. De toute façon, il savait bien que les "petites gens" ne l'attaqueraient pas : tout ce qu'il craignait, c'est qu'elles disparaissent lorsqu'elles se seraient aperçues de la présence d'un être humain. Il s'avança donc le long des haies pour mieux se dissimuler et parvint ainsi sans encombre le plus près possible du cercle. Là, il se tint immobile et ouvrit les yeux tout grands pour ne rien perdre de la scène.

    Il put ainsi constater que, parmi les "petites gens", il y avait un nombre égal d'hommes et de femmes, mais tous étaient extrêmement élégants et enjoués. Tous n'étaient pas en train de danser et quelques-uns se tenaient tranquillement à proximité immédiate du cercle, attendant d'entrer dans la ronde. Certaines femmes montaient de petits chevaux blancs fringants. Mais ils portaient tous de beaux vêtements de différentes couleurs, et c'est parce que certains d'entre eux avaient des habits rouges que le garçon avait pensé à des soldats.

    Il était là, en pleine contemplation de ce spectacle inhabituel, quand les "petites gens" l'aperçurent. Au lieu de paraître hostiles ou de s'enfuir, elles lui firent signe d'entrer dans le cercle et de se joindre à leurs danses. Il n'hésita pas, mais, dès qu'il fut entré dans le cercle, il entendit la plus douce et la plus irrésistible musique qu'il connût. Immédiatement, sans comprendre ce qui se passait, il se retrouva au milieu d'une élégant demeure, aux murs recouverts de tapisseries de toutes couleurs. Des jeunes filles ravissantes l'accueillirent et le conduisirent dans une grande salle où des nourritures appétissantes étaient disposées sur une table. Elles l'invitèrent à manger, et le garçon, qui ne connaissait guère que les habituelles pommes de terre au lait de beurre qui constituaient le repas de la ferme, se régala avec des plats d'une exquise finesse, tous à base de poissons. Et on lui donna à boire le meilleur vin qui fût, dans des coupes d'or serties de pierres précieuses.

    Le garçon se croyait au paradis. La musique et le vin l'engourdissaient, et la vue de ces jeunes filles empressées autour de lui le ravissait. L'une d'elles lui dit alors d'un ton aimable :

    - Tu peux rester ici autant que tu veux. Tu te réjouiras avec nous jour et nuit et tu auras à manger et à boire autant que tu le désires. Mais il ya une chose que tu ne devras jamais faire : c'est de boire l'eau du puits qui se trouve au milieu du jardin, même si tu as très soif, car alors, tu ne pourrais plus demeurer ici.

     

    Le garçon se hâta d'assurer qu'il prendrait grand soin à ne pas enfreindre cette interdiction. Et quand il fut bien rassasié, les jeunes filles l'emmenèrent danser. Il ne se sentait pas fatigué le moins du monde et se sentait capable de s'amuser ainsi durant sa vie entière. Jamais il n'avait été à une telle fête, jamais il n'avait éprouvé une telle joie, un tel bonheur de se trouver au milieu d'un luxe inconnu, avec des gens élégants et ditingués qui le traitaient ainsi avec douceur et courtoisie. Il lui arrivait de penser à la ferme, à son troupeau, à ses parents, mais il chassait vite ces images de son esprit pour mieux s'absorber dans la danse et la musique.

    Un jour, cependant, comme il prenait l'air dans le jardin, au milieu des fleurs les plus belles et les plus parfumées, il s'approcha du puits et se pencha pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur : il aperçut une multitude de poissons brillants qui frétillaient et qui renvoyaient vers lui la lumière du soleil. Alors, il ne put résister : il tendit son bras et sa main toucha la surface de l'eau.

    Aussitôt, les poissons disparurent et un cri confus se répendit à travers le jardin et la demeure. La terre se mit à trembler brusquement et le garçon se retrouva au milieu de son troupeau, sur la pente du Petit-Freni. Il y avait toujours la brume au sommet de la montagne, mais le garçon eut beau chercher partout, il ne put découvrir aucune trace du cercle, aucune trace du puits ni de la demeure des fées. Il était seul sur la montagne, et ses moutons paissaient paisiblement comme si rien ne s'était passé.

     


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