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    Plastrons d’astre et d’ivoire où se couche le temps,
    La lune et son linceul, effarouchant la nuit,
    D’une larme perlée, à la saveur de suie,
    Percent sommeils et cieux, à pas de revenants.

    A peine appareillé, son pur vaisseau d’argent
    Quitte temples et ports, puis lentement s’enfuit
    Vers ces sphères du soir où se glissent des pluies
    Dont les plumes d’onyx se tapissent de sang

    De vastes salles d’or qu’engouffrent les abysses
    Dégoulinent de feu, s’attachant au festin
    De rêves alléchés par un goût de réglisse.

    Les îles alentour s’éteignent une à une,
    Et la Grèce apaisée déclame son destin
    Sous le rayon brillant d’une mèche de lune.


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    Aux plis fluides du temps, les marches et leurs rides
    Avalent le néant sous des arches de thym
    Dont le jour réfléchit par un miroir sans tain
    Le parfum infini jusqu’au cœur des absides.

    Le visage couvert de riches éphélides,
    Une nymphe endormie en offrant ses beaux seins,
    D’une main martelée à la perle d’airain,
    Rejoint l’éternité sous des soleils torrides.

    Les masques émargés de faunes délurés
    Sourient comme des paons affublés de virgules
    Puis s’épuisent vaincus devant tant de beautés.

    Une ombre et son venin, cachant sous son ombrelle
    La fraicheur d’un ruisseau, pénétrant les veinules,
    Perce alors le cœur pur de notre demoiselle.


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    Le soleil affranchit le jardin de son ombre,
    Et couvre de ses feux, appentis et chartils,
    Réveillant le matin de baisers volatils
    Dont la saveur de miel repousse la pénombre.

    Glissant entre les buis, ses rayons en grand nombre,
    Incendient les vieux murs des immenses fenils
    D’où s’échappent des chants et des parfums subtils
    Sous un ciel rafraichi qu’aucune nue n’encombre.

    Les uns piaillent de joie et d’autres de famine,
    On court à l’abreuvoir, en quittant les nichoirs,
    Et dans le cœur des fleurs on boit à l’étamine.

    Est-ce un tour de magie ourdi d’espiègleries,
    Que le dieu du savoir cache sous ces miroirs
    Etanchant de son doigt notre soif d’infinis ?


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    Aux flammes de mes mots j’allume des mirages
    Que je plonge parfois dans l’encre d’un soleil
    Dont mes doigts impatients fouillent le bouscueil
    Jusqu’à briser l’émail de mes riches images.

    Des cristaux de saphir au cœur des coquillages
    Colorent mes cahiers d’une larme de miel
    Que je verse en fusion sur tous les arcs-en ciel
    Qu’une plume d’or pur brode sur les rivages.

    Des ficelles de soie affriolent mes temples
    Où se mêlent les rois et les pas d’hirondelles
    Qu’un immortel gardien souvent cite en exemples.

    La poésie est l’art d’effacer les silences
    Entre un croquis criblé de fines étincelles
    Et les sanglots fanés des cordes de potences.

     


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    Fade rumeur de jour, l’aube emplit sa besace
    De brindilles d’étoile et de rameaux de vent,
    Soufflant des braises d’or derrière un paravent,
    Dont l’immense vitrail dessine une rosace.

    Des nuages de perle aux rondeurs de fouace,
    Exhalent des parfums extraits du firmament,
    Qu’une courtine en soie habille élégamment
    De son satin rosé dérobé d’un palace.

    On entend le matin se plonger dans un bain
    Et tendre sa peau nue aux doigts d’un chapelain
    Dont le rosaire en buis se froisse d’une larme.

    Quand enfin paraît l’astre aux rayons de vermeil,
    Effaçant de son feu les traces du sommeil,
    Une rose en dentelle éblouit de son charme.


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