• PETITNUAGE DEVINT ARC EN CIEL

     

     

     

     

    Il était une fois un Petit Nuage

    qui fit une crise de rage et créa un orage

    car il avait appris qu'a l'âge mâture

    il se désagrégerait dans la nature.


    Alors il devint noir,

    à cause de son désespoir

    de se voir très vite dématerialiser

    alors qu'il avait pris goût de gambader .


    Il aimait voyager avec ses amis les Vents;

    qui lui permettaient ainsi de passer son temps;

    dans cet immense ciel,

    qui pour lui était providentiel.


    Il se demanda pourquoi il était né

    si c'était pour si vite être dispersé.

    On dit que sa marraine la Fée

    par son comportement fut attristée.


    Elle alla défendre sa cause auprès du Créateur

    et après l'avoir écoutée, avec beaucoup de douceur,

    Il décida d'atténuer la peur

    du petit nuage qui avait un bon coeur.


    Le Créateur fit en sorte que ce soit-disant malheur ,

    devienne un véritable bonheur.

    Ainsi, Il lui dévoila ce qui se produirait désormais

    quand un nuage disparaîtrait.


    Alors, Petit Nuage vit que chaque goutte de son essence

    serait ,en retombant, éclairée par un soleil immense,

    Elles deviendraient un magnifique Arc-en-ciel

    qui illuminerait de mille feu le ciel.


    Cela permettrait aux Etres de la terre

    de rejeter ce qui les desespère;

    en apportant dans leur yeux et leur coeur

    mille couleurs faissant jaillir le bonheur.


    Petit nuage fut très content,

    car il découvrit que,ses gouttes,en retombant,

    porteraient en elles un fluide puissant

    qui illuminerait les gens.

    De plus, il formerait aussi des rivières et des mers

    qui abreuveraient la Terre,

    avant de repartir dans les airs,

    à la découverte d'une autre partie de l'Univers.


    Ceci rendit Petit Nuage sûr de lui et fier

    d'apporter ainsi sa contribution au bien être de la Terre.

    Ainsi vous ai je conté l'origine des orages et de l'arc en ciel

    né des tracas d'un Petit nuage qui rêvait d'être, un jour, exceptionnel. 


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  • LES TROIS ARBRES

     

     

    Il était une fois sur une montagne, trois petits arbres qui discutaient de ce qu’ils feraient quand ils seraient devenus grands.

    Le premier petit arbre émerveillé par les étoiles et la lune disait : « Moi, quand je serai grand, je voudrais qu’on me transforme en coffre à trésor et qu’on me remplisse d’or et de toutes les plus belles pierres précieuses du monde. »

    Le deuxième petit arbre qui aimait à regarder scintiller sous la lune les eaux claires de la rivière avant qu’elle ne se jette au loin dans les vagues d’écume de la mer disait : « …Je voudrais qu’on me transforme en un formidable trois-mâts… commandé par un vaillant capitaine… et affronter tous les océans du monde. »

    Le troisième petit arbre se plaisait à regarder les lumières des villages qui brillaient dans les yeux des enfants aux jours de fête : « Moi, quand je serai grand, je voudrais être encore plus grand que grand et tellement grand que chaque fois que l’on me regardera, on sera obligé de lever très haut les yeux et comme cela, on pensera à Dieu »…

    Le temps s’écoula longtemps au grand sablier de la montagne, au murmure des sources, au clapotis des ruisseaux. Les printemps succédèrent aux hivers, puis laissèrent la place aux étés.

    Les trois petits arbres avaient changé, pris de la force, de la stature, un tronc vigoureux, des branches et des branchages. Un matin d’automne, des voix résonnèrent sur le sentier. Les oiseaux firent silence… les arbres se mirent à trembler de toutes leurs feuilles…

    Trois bûcherons s’approchèrent des arbres.

    Le premier bûcheron regardant le premier arbre le déclara parfait et à grands coups de hache le fit tomber sur le sentier.

    Le deuxième bûcheron voyant le deuxième arbre le trouva vigoureux et à grands coups de hache le coucha sur le sol boueux.

    Le troisième bûcheron se chargea du troisième arbre et à grands coups de hache il le fit culbuter dans l’allée.

    Les trois arbres gisaient maintenant sur le flanc de la montagne. Chacun sous son écorce imaginait la suite de son destin. Le premier arbre allait enfin pourvoir vivre le rêve de sa vie. Il se retrouverait bientôt dans la bonne odeur de colle et de copeaux de bois de l’atelier du menuisier. Mais il ne savait pas encore que dans les commandes du jour ne figurait pas le moindre coffre à trésor… mais seulement des mangeoires pour les animaux…

    Après deux jours et deux nuits de voyage, le deuxième arbre allait enfin se retrouver sur les galets gris du chantier naval. Les cris aigus des mouettes lui tournaient déjà la tête. Il ne pouvait pas encore se douter de la mauvaise surprise qu l’attendait…Pas un seul armateur n’avait passé commande pour un trois-mâts…Seul un pêcheur avait passé commande pour une petite barque de pêche…

    Quand au troisième arbre qui n’était plus que désespoir, on le débita en poutres qu’on mit à sécher le long d’un mur chez un charpentier. Beaucoup de mois, beaucoup d’années passèrent sur les rêves détruits des trois arbres. Beaucoup d’insectes dans leur bois, beaucoup d’araignées, beaucoup de poussières, beaucoup de désespérance…

    Les arbres avaient fini par oublier leurs rêves. Ils avaient cicatrisé. Ils s’étaient installés dans les torpeurs de l’habitude. Ils n’attendaient plus rien…

     

    Le premier arbre, devenu mangeoire, ne sentait même plus la caresse des animaux tirant sur le foin…Quand une nuit d’hiver, la douce lumière d’une étoile se posa sur lui. Un jeune homme et une jeune femme vinrent s’abriter dans l’étable. Au milieu de la nuit, la jeune femme mit au monde un bébé que l’homme coucha dans la mangeoire. Ainsi le premier arbre comprit que son rêve se réalisait.

     

    Encore bien des coups de vent, des jours de pluie, des hivers glacés passèrent sur les rives du lac où le deuxième arbre devenu petite barque de pêcheur pourrissait lentement dans une mauvaise odeur de poisson… Lorsqu’un soir d’été, un groupe d’hommes voulut traverser le lac : ils embarquèrent et soudain, au milieu du lac, une tempête se leva comme on n’en avait jamais vu. L’homme qui semblait être le chef se leva dans la barque, tendit les bras et calma la tempête. Ainsi le second arbre comprit que son rêve se réalisait.

     

    Peu de temps après cet événement, la ville se mit à résonner d’une étrange rumeur : les gens étaient énervés, on entendait des cris, des bottes de soldats, ça sentait la violence, la vengeance, l’injustice… Des hommes vinrent tirer de son hangar et de sa torpeur le troisième arbre transformé en poutres… Ils mirent ses poutres en croix, et sur cette croix ils clouèrent le Fils de l’Homme. Le troisième arbre sut alors que son rêve se réalisait puisque désormais chaque fois qu’on le regarderait, on penserait à Dieu.

     

     


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  • LES CHEMINS DE TRAVERSE

     

     

    Les chemins de traverse

    "Penser c'est suivre des lignes de sorcière." Gilles Deleuze

    Le chemin m'avance.
    On y laisse nos ombres de pas, des traces de doigts, une flaque de pensée jouant à la couleur, à la vie. On devient ce sentier tordu où des rencontres grandissent dans la simplicité d'un champ de coquelicots.


    " J'ai descendu dans mon jardin " ...


    - Donne-moi la main, viens voir parmi les fleurs.
    Tiens, la voix d'Alice me prend la main, elle me guide...
    - Regarde, tu vois ce monticule de terre ?
    - Oui, oui Alice. Pourquoi le soleil semble pleurer ?
    - C'est qu'en dessous, si tu ouvres loin ton regard, tu verras la pensée d'Antigone, tu entendras son amour.
    - Antigone ? Attends, Alice, j'ai encore la mémoire lourde de gravité. Est-ce dans cet endroit qu'elle a recouvert le corps de son frère ?
    - Oui. Parce que le soleil brûlait cette mort. Oui. Parce que la loi d'un père éclatait, cruelle, inhumaine.
    J'essayais de lire au travers les mots d'Alice. Car avec Alice, je réapprenais le langage, je lavais cette mémoire encombrée du regard arrêté. Je lui ai demandé :
    - Antigone n'a-t-elle pas enfreint une loi, n'était-elle pas révoltée ?
    - Mais non, tendre une main de pitié est-ce enfreindre une loi ?
    Je devinais peu à peu, surtout avec la main d'Alice accompagnant mes pas.
    - Oui, Alice, c'est l'amour seulement qu'on entend respirer.
    Un oiseau a fleuri. Antigone était libre maintenant de la loi de Créon. Un message virevoltait sur une feuille de verre.
    Alice le prit et me le tendit...
    - Oh, un dessin d'enfant. Un chapeau ! Non, je me trompe encore ...
    - Regarde, n'oublie pas de " lire au travers ". Ecoute le souffle, sens les couleurs.
    - Mais, oui. C'est le boa qui a mangé un éléphant.
    - Est-ce que tu comprends ? C'est " l'écrit qui fond devant le non-écrit ". C'est ça, lire au travers.
    L'espace du jardin s'ouvrait, le morceau de glace logé dans mon oeil était tombé dans la boue. Alice se mit à rétrécir pour se poser entière sur ma main. Petite ombre de lumière donnant vie à ma terre.


    " Gentil coquelicot mesdames, gentil coquelicot nouveau "


    - Oh, Alice, une ombre court sur les pétales !
    - Oui, c'est celle de Peter Pan. Tu vois comme elle est éclairée .
    - Il y a du Clochette dans l'air !
    - Elle chantait dans le coquelicot ...
    La forme de l'ombre s'approchait de ma main, son pas sentait le maintenant. Elle aimait la goutte Alice scintillant à la source de ma paume. Peter Pan et Clochette appelaient l'ombre. Ils étaient jaloux qu'une ombre veuille partir ainsi. Comment Peter Pan prendrait-il du poids ? Il pourrait voler encore plus en hauteur, encore plus en oubli. Mais tout de même cette ombre était son aile terrienne.
    Comment rejoindre Wendy, sans elle ?
    Peter Pan vint nous voir, se dressant sur la pointe des pieds et
    demanda :
    - Rendez-moi mon ombre, s'il vous plait j'en ai vraiment besoin. Toujours elle me joue des tours, elle se croit dans un manège, et va à la rencontre de voix lumineuses. Elle aime faire la fête, elle se défile, et j'en perds mes chaussures, mes pas restent gravés dans les chemins.
    Alice avait caressé le poids de cette ombre, elle en tissa son corps.
    - Je te la rends, car on sera toujours lié au maintenant. L'ombre et la lumière se sont enlacées, ça vibre en secret.
    Peter Pan reparti heureux, avec son ombre recousue et Clochette à son cou.
    Je comprenais. Une voix vint me chercher très profond au bord du chemin, sous les pas de Peter Pan. La route était recouverte de lettres et de graines, de feuilles et d'écorce. Je lisais son parchemin et entendais la chair des mots.
    Je dis à Alice :
    - J'ai rencontré l'espace du milieu, le coeur du regard. Un livre vivant avance.
    Oui, une marée de mots roulait sous mes doigts, sur mes cils. Cette voix que je ressentais enchantait le jardin. Le même visage, toujours, s'ouvrait, souriait et faisait s'envoler les parois du livre, des pages. C'était le visage de la vie.
    Le chemin initiatique, je le comprenais, était ma rencontre au visage, à la voix, au souffle des mots libres.
    Je laissais mon oreille errer vers les mots de ma petite fée clairvoyante.
    - Oh ! Le visage du chat et son sourire en résonance d'espace.
    Seule la dent d'un sourire tournoyait dans ma main. Alice repartait en me laissant ce souvenir. Ainsi, je pourrais toujours traverser les visages des mots, ouvrir leur noyau et faire pousser des grains d'espace, toucher le lien.
    Dans la dent de clarté, cette phrase d'Artaud parcourant le temps :


    " lire l'oeuvre d'un poète, c'est avant tout lire au
    travers car toute l’oeuvre écrite est une glace où l'écrit
    fond devant le non-écrit "

     


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