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    dans un certain pays, dans un certain royaume vivait le tsar Démian avec ses trois fils : Piotr, Vassili et Ivan. Ce tsar possédait un jardin comme on n'en trouverait pas de pareil au monde, plein de fleurs rares et d'arbres précieux. Le plus précieux de tous était un pommier qui donnait des pommes d'or. Le tsar prenait grand soin de ce pommier, en comptait les pommes chaque soir, les recomptait chaque matin. Et il s'aperçut que la nuit quelqu'un saccageait son jardin : le soir une belle pomme sur la branche mûrit, et au matin, ni vu ni connu, elle a disparu ! Les gardiens n'y pouvaient rien et le tsar en perdait le boire et le manger, la paix et le sommeil. Un jour, il appela ses fils :
    - Ça ne peut plus durer ! A celui de vous qui découvrira et prendra notre voleur je laisserai la moitié du royaume de mon vivant et, à ma mort, il l'aura tout entier. Les fils ont juré d'attraper le voleur et c'est Piotr-tsarévitch qui le premier monta-lagarde. Il fit le tour du jardin, se coucha sur le gazon, tomba dans un sommeil profond. Quand il se réveilla, plusieurs pommes d'or manquaient.
    Dès son réveil, le tsar appela Piotr:
    - M'apportes-tu une bonne nouvelle, fils ? As-tu vu le voleur ?
    - Non, père ! Et pourtant, j'ai veillé toute la nuit, fouillé les taillis. Je me demande où ces pommes sont passées !
    La nuit suivante, ce fut le tour de Vassili. Il regarda sous les buissons, s'assit sur le gazon, tomba dans un sommeil profond. Au matin, d'autres pommes d'or manquaient.
    - Alors, fils, as-tu vu le voleur ? - lui demanda le tsar.
    - Non, père ! J'ai guetté de mon mieux, n'ai pas fermé les yeux, n'ai vu personne. Je n'y comprends rien !
    La nuit d'après, Ivan-tsarévitch prit la garde. De peur de s'endormir, il marchait sans arrêt; si le sommeil venait, si la fatigue le prenait, il se débarbouillait avec la rosée, reprenait sa veillée. Sur les minuit, il aperçut une grande lueur qui s'approchait du jardin et, bientôt, on y vit clair comme en plein jour : l'oiseau de Feu, perché sur le pommier, picorait les pommes d'or. Ivan-tsarévitch se glissa en catimini, saisit l'oiseau par la queue. Mais l'oiseau de Feu se débattit si bien qu'il s'échappa, ne laissant qu'une plume dans la main du tsarévitch.


    Au matin; Ivan-tsarévitch raconta à son père quel voleur saccageait leur jardin et lui montra la plume de l'oiseau de Feu. Le tsar se réjouit, retrouva sommeil et appétit, d'autant plus que l'oiseau ne revint plus voler ses pommes d'or. Mais à regarder la plume, l'oiseau de Feu tout entier lui faisait envie, le tsar y pensait jour et nuit. Et il finit par appeler ses fils :
    - Pourquoi n'iriez-vous pas courir le monde, chercher cet oiseau de Feu ? Autrement, un de ces jours, il reviendra voler nos pommes !
    Les deux aînés ont obéi. Ils ont sellé leurs coursiers rapides, revêtu leurs armures solides et sont partis à l'aventure. Mais, vu son jeune âge, le tsar garda près de lui Ivan-tsarévitch. Celui-ci en fut tellement marri, il supplia tant son père que le tsar finit par le laisser partir à son tour.
    Un conte est vite dit, les choses se font plus lentement. Ivan-tsarévitch chevaucha longtemps et arriva à une croisée de chemins. Là, sur une borne de pierre, il était écrit : «Celui qui ira tout droit, aura froid et faim; celui qui prendra à droite, restera sain et sauf, mais perdra son cheval; et celui qui ira à gauche sera tué, mais son cheval vivra.» Réflexion faite, Ivan-tsarévitch prit le chemin de droite pour ne point perdre la vie. Il chemina ainsi trois jours durant et parvint à une grande et sombre forêt. Soudain, un loup gris bondit à sa rencontre. Le tsarévitch n'eut même pas le temps de dégainer son glaive, que le loup égorgeait son cheval et disparaissait dans les fourrés. Que faire sans cheval? Ivan-tsarévitch poursuivit sa route à pied, mais au bout de trois jours il n'en pouvait plus de faim et de fatigue. Accablé, il s'était laissé tomber sur une souche quand un grand loup gris sortit des bois :
    - Te voilà bien triste, Ivan-tsarévitch, - dit le loup.- Pourquoi as-tu les mains lasses, la tête basse, l'échiné courbée ?
    - Comment ne pas me désoler ? Que ferai-je sans mon cheval ?
    - C'est toi qui as choisi ce chemin, de quoi te plains-tu? Mais j'ai pitié de toi. Dis-moi où tu vas, ce que tu cherches ?
    - Le tsar Démian, mon père, m'a envoyé chercher l'oiseau de Feu qui volait les pommes d'or de son jardin.
    - Mais sur ton cheval tu n'y serais jamais arrivé ! Moi seul je sais où niche l'oiseau de Feu, moi seul peux t'aider à le dénicher. Et en échange de ta monture, je vais te servir fidèlement, en toute droiture ! Monte sur mon dos et agrippe-toi bien. Ivan-tsarévitch obéit et le loup gris fila comme le vent. Le loup court, d'un bond passe les monts, d'une foulée franchit les vallées, des pattes devorent l'espace, de la queue efface la trace. Le tsarévitch n'a qu'à se cramponner !

    Devant un grand mur blanc le loup s'arrêta et dit :
    - Escalade ce mur. Derrière il y a un jardin, dans ce jardin une cage d'or, dans la cage l'oiseau de Feu. La garde dort. Prends l'oiseau mais ne touche pas à la cage, sinon un malheur t'arrivera !
    Ivan-tsarévitch se glissa dans le jardin et vat l'oiseau de Feu dans sa cage. Il print l'oiseau et allait partir quand il se dit : «Comment emporter l'oiseau sans cage ? Je ne peux pas le mettre dans ma poche, quand même ! Et puis la cage est belle, toute ornée de pierreries...» II oublia ce que le loup avait dit et saisit la cage. Aussitôt ce ne fut que carillons et sonneries: de la cage d'or des fils secrets partaient, avec grelots et clochettes, crécelles et claquettes. Les gardiens se sont réveillés, d'Ivan-tsarévitch se sont emparés, devant leur tsar Afrone l'ont amené.
    - Qui es-tu ? cria le tsar très en colère. De quelle terre native, de quel père le fils ?
    - Je m'appelle Ivan-tsarévitch et le tsar Démian est mon père. Ton oiseau de Feu s'est fait coutume de venir grappiller nos pommes d'or. Alors mon père m'a envoyé le chercher, l'attraper.
    Le tsar Afrone hocha la tête avec reproche :
    - Ah, Ivan-tsarévitch ! Tu serais venu me trouver honnêtement que je te l'aurais donné, mon oiseau de Feu, ou bien je l'aurais échangé contre autre chose. Alors que maintenant le monde entier va savoir qu'Ivan-tsarévitch n'est qu'un voleur!... Enfin, passe pour cette fois. Écoute, si tu me rends service, je te pardonnerai et te donnerai même l'oiseau de Feu. Mais avant, tu vas aller par-delà vingt-neuf terres, dans le trentième royaume, chez le tsar Koussman et me ramener son cheval à la crinière d'or. Ivan-tsarévitch, tout penaud, alla retrouver le loup gris et lui dit ses malheurs. Le loup n'était pas content !
    - Pourquoi ne m'as-tu pas écouté, tsarévitch ? Pourquoi as-tu pris la cage ? Je t'avais pourtant dit de ne pas y toucher.
    - Pardonne-moi, s'il te plaît ! Je suis en faute, c'est vrai.
    - Bon, bon, n'en parlons plus ! Monte sur mon dos et cramponne-toi bien. On va aller chez le tsar Koussman.
    Ivan-tsarévitch monta sur le dos du loup qui partit comme le vent. 
    Le loup gris court, d'un bond passe les monts, d'une foulée franchit les vallées, des pattes devorent l'espace, de la queue efface la trace. En peu de temps ils arrivèrent chez le tsar Koussman, devant ses écuries de pierre blanche. Le loup dit au tsarévitch : 
    - Les gardiens sont endormis. Va chercher le cheval à la crinière d'or mais ne touche pas à sa bride, sinon un autre malheur t'arrivera !
    Ivan-tsarévitch se glissa dans l'écurie, prit le cheval par sa crinière d'or et allait partir quand il vit une bride d'or pendue au mur et se dit : «Comment mener un cheval sans bride ? Et celle-là est si belle !...» Mais dès qu'il la toucha, ce ne fut que carillons et sonnailles. La garde se réveilla, d'Ivan-tsarévitch s'empara, devant le tsar Koussman l'amena. Le tsar cria, très en colère :
    - Qui es-tu? De quelle terre native, de quel père le fils ? Et comment oses-tu toucher à mon cheval ?
    Le tsar Démian est mon père, Ivan-tsarévitch est mon nom.
    - Ah, Ivan-tsarévitch ! Il fallait venir me trouver honnêtement, par respect pour ton père je t'aurais donné mon cheval. Et maintenant toute la terre saura que le tsarévitch n'est qu'un voleur de chevaux, ce sera du joli... ! Enfin, je veux bien te pardonner et, même te faire cadeau du cheval à la crinière d'or. Mais va d'abord à vingt-neuf terres d'ici, dans le trentième royaume et ramène-moi la fille du tsar Dalmat, la princesse Hélène-la Belle !
    Ivan-tsarévitch, pleurant de honte, alla raconter au loup ses malheurs. Le loup lui fit d'amers reproches :
    - Pourquoi ne m'as-tu pas écouté ? Pourquoi as-tu touché à la bride ? Je me donne du mal pour te servir et tu ne fais que tout gâcher !
    - Pardonne-moi, je t'en prie ! J'ai encore fauté, c'est vrai.
    - Bon, bon ! Quand le vin est tiré il faut le boire. Monte sur mon dos, on s'en va chercher la princesse Hélène-la Belle.
    Et le loup gris partit comme le vent. D'un bond il passe les monts, d'une foulée franchit les vallées, des pattes devorent l'espace, de la queue efface la trace. En peu de temps ils arrivèrent chez le tsar Dalmat, devant un grand jardin aux grilles d'or. Le loup dit :
    - Cette fois, tsarévitch, je vais moi-même chercher la princesse ! Toi, tu vas m'attendre dans ce bois, sous le chêne vert.
    Le loup gris sauta par-dessus les grilles d'or et se tapit dans les buissons. Vers le soir, Hélène-la Belle sortit se promener avec ses nourrices-suivantes, ses fidèles servantes. Comme elle se penchait pour cueillir une fleur, le loup bondit, la jeta sur son dos et s'enfuit. Sous le chêne vert il retrouva le tsarévitch :
    - Monte vite, cria le loup, on va nous poursuivre !
    Ivan-tsarévitch monta sur le dos du loup, prit la princesse dans ses bras et le loup gris fila comme le vent. Chez le tsar Dalmat, pendant ce temps, les nourrices-suivantes, fidèles servantes, criaient et piaillaient si bien que personne ne comprenait rien. Quand on démêla l'affaire, quand on organisa la poursuite, le loup gris était déjà loin !
    De peur, Hélène-la-Belle s'était évanouie. En reprenant connaissance, elle vit qu'un jeune et beau prince la tenait dans ses bras. Et à ce premier regard, à ce premier coup d'oeil ils s'aimèrent. Si bien qu'en approchant du royaume du tsar Koussman Ivan-tsarévitch pleurait à chaudes larmes. Le loup lui demanda :
    - Pourquoi pleures-tu, tsarévitch? Quel chagrin est le tien?
    - Ah, loup gris ! J'aime Hélène-la Belle de tout mon cœur. Comment la donnerais-je au tsar Koussman ?
    Le loup gris les regarda, en eut pitié. Et il dit :
    - Puisque j'ai promis de te servir fidèlement, je tiendrai parole. Je vais me transformer en Hélène-la Belle et tu me remettras au tsar Koussman. La princesse t'attendra dans ce bois et dès que tu auras le cheval à la crinière d'or tu viendras la prendre. Partez tous deux, je vous rattraperai un peu plus tard.
    Le loup gris frappa le sol, se changea en Hélène-la Belle et Ivan-tsarévitch le mena chez le tsar Koussman. Celui-ci, tout heureux, remit au tsarévitch le cheval avec sa bride par-dessus le marché et remercia encore pour le service rendu ! Ivan-tsarévitch s'en alla en hâte rejoindre la vraie princesse et ils se mirent en route.

    Pendant ce temps, le tsar Koussman célébrait ses noces. Sur les tables de chêne, sur des nappes blanches on servait des mets fins, de vieux hydromels et vins. Les invités criaient : «Vive la mariée !» Le tsar voulut embrasser sa jeune épouse, mais au lieu de ses douces lèvres rencontra le rude poil d'un loup ! Le tsar hurla, l'assistance s'affola. Profitant du tumulte, le loup gris sauta par la fenêtre - et autant chercher le vent dans les champs !
    Le loup rattrapa vite Ivan-tsarévitch et lui dit :
    - Monte sur mon dos, laisse le cheval à la princesse ! En arrivant au royaume du tsar Afrone, le loup demanda :
    - Tu as l'air bien triste, Ivan-tsarévitch ? Qu'as-tu donc ?
    - Je songe au cheval à la crinière d'or et j'ai gros cœur de l'échanger contre l'oiseau de Feu. Mais si je ne lui donne pas le cheval, le tsar va me déshonorer à la ronde !
    - Allons, ne te chagrine pas ! Je vais encore t'aider. Je me changerai en cheval à la crinière d'or, c'est moi que tu remettras au tsar Afrone. Et la princesse avec le vrai cheval t'attendra dans ce bois.
    Le loup frappa le sol, se changea en cheval à la crinière d'or et Ivan-tsarévitch le mena chez le tsar Afrone. En les voyant, le tsar se réjouit, au-devant du tsarévitch sortit, dans son palais le conduisit. Il lui donna l'oiseau de Feu et sa cage par-dessus le marché, l'invita même à rester quelque temps, mais Ivan-tsarévitch avait hâte de rejoindre Hélène-la Belle. Il la retrouva dans le bois et, montés tous deux sur le cheval à la crinière d'or, tenant la cage avec l'oiseau de Feu, ils se mirent en chemin.
    Pendant ce temps, le tsar Afrone voulut essayer son cheval et s'en fut à la chasse avec ses chasseurs, ses piqueurs, ses rabatteurs. Par les bois ils passèrent, un renard dans son gîte forcèrent, sur ses traces s'élancèrent. Le cheval à la crinière d'or galopa vite, distança toute la suite. Alors le cheval buta, le tsar chuta, plongea dans la boue, la tête la première. Et au lieu du cheval à la crinière d'or, c'est un loup gris qui se sauva à toutes jambes ! Le temps de relever le tsar, de le nettoyer, le loup avait disparu. Il rejoignit Ivan-tsarévitch et le prit sur son dos. En arrivant au lieu de leur première rencontre, le loup gris dit :
    - C'est ici que j'ai égorgé ton cheval, Ivan-tsarévitch, c'est ici que je vais te quitter. Je ne suis plus ton serviteur !
    Ivan-tsarévitch par trois fois salua le loup gris jusqu'à terre, par trois fois le remercia et lui dit adieu. Mais le loup répondit :
    - Ne me dis pas adieu, tsarévitch, dis-moi à bientôt ! Dans peu de temps d'ici tu , auras encore besoin de moi.
    A part soi, Ivan-tsarévitch pensait : «Quel besoin aurai-je du loup gris ? J'ai tout ce que je désire !...» II monta avec la princesse sur le cheval à la crinière d'or et tenant la cage de l'oiseau de Feu se mit en route vers le royaume de son père.
    Un conte se dit vite, le chemin se fait lentement. Peu avant d'arriver chez le tsar Démian, il fallut s'arrêter pour prendre du repos. Ivan-tsarévitch et Hélène-la Belle à l'orée du bois s'installaient, sur l'herbe s'allongeaient, bien vite s'endormaient. C'est alors que les deux frères aînés du tsarévitch vinrent à passer par là. Piotr-tsarévitch et Vassili-tsarévitch s'en retournaient chez leur père les mains vides, le cœur déçu. En voyant Ivan-tsarévitch entre une belle princesse, un cheval à crinière d'or et la cage d'or avec l'oiseau de Feu dedans, la rage-jalousie les prit :
    - Notre frère nous avait déjà humiliés en rapportant une plume de l'oiseau de Feu, et voilà qu'il ramène l'oiseau tout entier, vivant ! Et il a encore d'autres merveilles avec lui... De quoi aurons-nous l'air, nous, ses aînés ? Il faut lui apprendre ce qu'il en coûte de toujours se mettre en avant !
    Et les voilà qui tirent leurs glaives, qui coupent la tête d'Ivan-tsarévitch endormi. Hélène-la Belle se réveille, voit son bien-aimé décapité, se met à crier, à sangloter. Mais Piotr-tsarévitch appuya la pointe du glaive sur son cœur : Tu es entre nos mains, lui dit-il. Nous allons te ramener chez le tsar notre père et tu diras que c'est nous qui t'avons conquise. Toi, et le cheval à la crinière d'or, et l'oiseau de Feu. Fais serment de parler ainsi, sinon je te tue ! Hélène-la Belle avait peur de mourir, elle jura tout ce que les autres voulaient. Alors les deux frères tirèrent au sort pour savoir qui l'aurait. C'est à Piotr-tsarévitch qu'elle échut et Vassili-tsarévitch eut le cheval à la crinière d'or pour sa part. Et emportant l'oiseau de Feu, tous trois prirent le chemin du palais du tsar Démian.
    Ivan-tsarévitch gisait mort dans la plaine et, déjà, les corbeaux tournaient autour de lui. C'est alors que le loup gris sortit des bois et, tapi dans l'herbe, guetta les corbeaux. Quand un corbeau avec ses petits corbillats se posa sur le corps du tsarévitch, le loup bondit et saisit un corbillat. Le père corbeau le supplia de lâcher son petit. Le loup répondit :
    - Ton corbillat, je le laisserai partir. Mais, avant, il faut que tu voles par delà vingt-neuf pays, dans le trentième royaume et que tu m'en rapportes une fiole d'eau vive et une fiole d'eau morte. Jusqu'à ton retour, ton petit restera avec moi.
    Le corbeau partit à tire-d'aile. On ne sait au bout de combien de jours, on ignore au bout de combien de temps il revint avec les deux fioles pleines. Le loup prit alors le corbillat et le déchira en deux. Puis il rassembla les deux moitiés et les aspergea d'eau morte - le corps de l'oiseau se ressouda. Le loup l'aspergea d'eau vive - le corbillat s'ébroua et s'envola. Le loup gris remit la tête d'Ivan-tsarévitch sur ses épaules et l'aspergea d'eau morte. Le corps se ressouda aussitôt. Il l'aspergea d'eau vive et Ivan-tsarévitch bâilla, s'étira et dit:
    - Oh, que j'ai dormi longtemps !
    - Tu dis vrai, Ivan-tsarévitch ! Et sans moi tu dormirais encore. Sache que tes frères t'ont tué pour s'emparer d'Hélène-la Belle, du cheval à la crinière d'or, de l'oiseau de Feu. Monte vite sur mon dos, je vais te mener chez ton père. Parce que, aujourd'hui même, ton frère Piotr-tsarévitch doit se marier avec Hélène-la Belle !
    Ivan-tsarévitch monta sur son dos et le loup gris l'emporta comme le vent jusqu'aux portes de la capitale du tsar Démian. Arrivés là, le loup gris dit :
    - A présent, Ivan-tsarévitch, disons-nous adieu à tout jamais. Va vite, dépêche-toi de rentrer à la maison !
    Et le loup gris disparut. Ivan-tsarévitch rentra dans la ville. Il vit les maisons de feuillages ornées, les rues où les oriflammes flottaient, les gens en habits de fête, toute la cité en liesse. Comme il demandait le pourquoi de ces réjouissances, on lui répondit :
    - Aujourd'hui le fils aîné du tsar épouse la princesse Hélène-la Belle ! Ivan-tsarévitch pressa le pas. Aux abords du palais, un garde le reconnut et courut en hâte annoncer l'heureuse nouvelle au tsar son père. Mais le tsarévitch fut plus rapide que le garde. Le premier dans la salle il entra, à ses frères félons se montra. En le voyant, Piotr-tsarévitch fut pétrifié de stupeur, Vassili-tsarévitch manqua mourir de peur. Et pendant ce temps, Hélène-la Belle de table se levait, vers Ivan-tsarévitch venait, par la le prenait, devant le tsar Démian l'amenait :
    - Voici celui qui m'a conquise, voici mon seul véritable promis-fiancé !
    En apprenant la vérité, le tsar Démian entra dans une grande colère et chassa ses deux fils aînés hors de sa vue. On célébra en grande pompe le mariage d'Ivan-tsarévitch et d'Hélène-la Belle et ils vécurent tous sans tracas ni peines, gardant cœur en joie et maison pleine.

     


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    Combien d'étoiles dans ton thé ?
    L'infirmier posait parfois de drôles de questions aux matins de l'enfant encore engourdie dans sa nuit, et une odeur de thé qui passait sous son sommeil la sortait vers la vie.
    - Deux, ou non, trois étoiles, s'il te plait, pour y entendre le cheval rouge, celui qui glisse dans le visage du soleil.
    L'infirmier aimait poser des questions à cette enfant car ses réponses apportaient des images et un souffle qui le traversaient. L'enfant et l'infirmier se surprenaient sans cesse au jeu des questions réponses. Toujours un mot venait décoller, détourner et retrouver le vrai pourquoi. Ils s'émerveillaient l'un en l'autre.
    L'infirmier, cette histoire de cheval, ça l'intéressait bougrement !
    - Raconte-moi, ton cheval. Dis.
    L'enfant ne savait pas raconter, elle préférait écouter ses histoires à lui, mais il insistait vraiment et n'en démordrait pas. On le voyait dans ses lèvres s'agrandissant sur sa pommette en point d'interrogation.
    - Ce cheval était épuisé, parce qu'il voulait apprendre à voler, et ne savait pas qu'un cheval ne peut franchir les airs, ne peut se libérer du poids de la terre. Il était amoureux d¹une étoile, tu vois ...
    - Mais, pourquoi la terre lui pesait, hein, ma voix marine ?
    - A cause du poids de sucre dans le thé, à cause que la terre était trop sucrée. Lui, il voulait le sel de la vie, il voulait boire la mer et dans "le sel" il entendait "les ailes". Il pensait que l"étoile était salée, puisqu"elle planait, et ne voyait pas pourquoi, à lui, le sel lui serait interdit ...
    Tu comprends, c'est une pensée de cheval rougie par cet ombrage d'astre auquel il était tant attaché.

    Un jour où l'enfant saignait dans ses poumons, l'infirmier lui avait fait don d'un livre avec un beau dessin de cheval rouge et un petit poème à chanter.
    L'enfant s'est prise de tendresse pour la chanson du cheval, et c'était leur secret . Ce matin là, l'infirmier avait sorti le livre de la table, tout en brandissant sa question. C'était un signe magique, l'heure de poursuivre le rêve. Tous les deux, ils tissaient une histoire, pour que le livre continue son chemin dans la vie et réveille l'enfant du cauchemar étouffant ses nuits et ses jours.

     

     

     

     

    ce petit texte est magnifique,malgres les tourments la santé faillissante la MAGIE EST LA.....NE CESSER JAMAIS DE CROIRE ELLE VOUS APPORTE LA VIE AU TRAVERS DU DESESPOIR ....

    BEA


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    C’est l’histoire de dragon vert

     

    Il était une fois, dans un pays lointain, un peuple de petits hommes heureux de vivre dans leur vallée verdoyante. D’un côté de cette vallée, une haute montagne abrupte et aride qui les protége du vent du nord, de l’autre, une colline ensoleillée toute la journée, on peut voir les chèvres et les vaches paître paisiblement à l’ombre des cerisiers en fleurs. L’herbe est grasse et tout pousse facilement dans cette terre riche. Un joli ruisseau s’écoule en son milieu, tantôt chantant, tantôt roucoulant. Il vient de là-bas le joli ruisseau, tout là-haut au bout de la vallée. Un éboulement de gros rochers empêche nos amis de passer par là, mais lui, le joli ruisseau, passe où il veut entre les cailloux. Il dévale la pente douce, arrose les petits jardins devant des maisonnettes en bois et poursuit son chemin au bout de la vallée.

    Ah, ce bout de vallée ! cet espace vers l’inconnu ! personne ne l’a jamais vu. On dit qu’il existe un grand ruisseau, très large et très bleu qu’on appelle la mer, on dit que la montagne se jette dans la mer, on dit beaucoup d’histoires le soir à la veillée mais personne n’a pu s’aventurer de l’autre côté de la vallée à cause de DRAGON VERT.

    Dragon vert vit dans une grotte cachée dans le flan de la montagne, juste au bout de la vallée. Il garde le passage et chaque fois qu’un habitant essaye de passer devant la grotte, il sort en claudiquant d’une patte sur l’autre, lourdement mais vivement. Il ouvre sa grosse gueule et lance d’immenses flammes rouges, bleues, jaunes dans un bruit infernal d’ouragan en dévastant tout autour de lui.
    Malheur à celui qui se trouve sur son passage, car dragon vert brûle tout se qui passe à sa portée.

    Dans ce village si tranquille habite Pékù, c’est un garçon intelligent et très curieux. C’est pour cela qu’il voudrait bien voir ce qui se passe au bout de la vallée. Les histoires de grandes personnes ne l’intéresse pas, ce qu’il veut lui, c’est découvrir le monde et les habitants. Il paraît qu’il y a des hommes très grands, des hommes noirs et même des blancs, lui il est plutôt jaune avec des yeux bridés. Tout cela l’intrigue, et sa colère monte contre Dragon vert qui les empêche de passer.

    Comme tous les enfants, Pékù se rend tous les matins au ruisseau y puiser l’eau dans un grand seau. Il en profite pour observer le monstre. Celui-ci ne quitte son refuge que pour griller quelques herbes ou quelques animaux et s’en régaler avant de retourner à sa tanière. Il ne va jamais bien loin, en tout cas jamais assez pour espérer passer sans être vu près de lui.

    Un matin, Pékù s’approche un peu plus que d’habitude et voit son ennemi pointer le bout de sa gueule derrière le rocher, les naseaux s’écarquillent, les mâchoires s’entrouvrent, un bout de langue se montre puis la pointe d’une flamme. Pékù retient son souffle. Un œil apparaît puis les deux yeux se tournent vers lui. La peur lui sert le ventre et sentant la chaleur des flammes qui commencent à fuser, il prend de l’élan et lance le contenu du seau qu’il vient de remplir dans la gueule du monstre.


    Un crépitement sinistre se fait entendre, Péku ne bouge pas. Il ne peut pas, la peur l’en empêche. Un raclement de gorge le réveille soudain de sa torpeur et il n’en croit pas ses yeux : l’énorme dragon vert tousse et crache des nuages de fumée noire et supplie :
    - « de l’eau, de l’eau »
    Pékù récupère son seau, le remplit vivement et jette à nouveau toute l’eau dans la gueule du monstre.
    - « Merci, merci Pékù, tu viens de me rendre un fier service.
    - Mais tu parles dragon ?
    - Eh oui, et c’est même pour cela que j’ouvre la gueule chaque fois qu’un homme passe. Malheureusement, chaque fois ce sont des flammes qui sortent et je ne parviens pas à me faire comprendre.
    - Pauvre dragon, comme tu as dû souffrir tout seul dans ta grotte !
    - Oh oui Pékù. Veux tu devenir mon ami ?
    - Mais bien sûr et si tu veux je t’emmène avec moi parcourir le monde.

    Et c’est ainsi que Pékù et dragon vert s’en allèrent à la découverte de l’univers.

    Mais les petits hommes de la vallée restèrent sagement dans leur village merveilleux ; ils racontent encore le soir à la veillée l’histoire de Péku et du dragon vert. 


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  • EFFET DE LUNE

     

     

     

    Pleine lune.
    Elle brillait, ici plus qu'ailleurs, peut être un ciel plus pur.
    On pouvait même distinguerles étoiles, claires, scintillantes.
    La lagune réfléchissait comme un mirroir. Sur le coté, des barques, couchées, echouées sur le sable attendaient : le jour, le pêcheur, un autre jour ?
    Des cris aigus, d'autres plus doux : des oiseaux sûrement.
    Charlotte tenait fermement la main de Thomas, pas question de se lâcher.
    Charlotte toute brune, grands yeux noisette, avec des cheveux qui commençaient à lui tomber sur les épaules, surtout quand ils étaient mouillés. Thomas était sûrement son frère, lui tout blond, avec de grands yeux verts-gris, et son petit air "scrogneugneu", juste le "scrogneugneu" qu'on aimait.

    Les deux enfants n'avaient pas peur, tout semblait famillier, rassuranr, et pourtant c'etait la première fois qu'ils sortaient seuls la nuit.
    Ils ne comprenaient pas tout, mais c'était bien eux devant la lagune et même pas peur, pas zun brin comme dirait Némo leur gentil chat !
    D'ailleurs la lune éclairait tellement qu'on se serait cru en plein jour. Il y avait des arbres, mais ce sont des palmiers dit Charlotte à Thomas .
    Oui je croisdit Thomas, mais je n'ai jamais vu de palmiers, que dans des livres, si tu veux ce sont des palmiers, après tout....
    Il aimait la forme élancée du tronc et le grand plumeau sur le sommet.

    Oui, oui ce sont des palmiers !!!! Ils riaient doucement.

    Il faisait doux, un vent léger venait du large avec de fortes odeurs d'algues, fortes mais agéables.
    Et c'est là, qu'elle apparut, de derrière un petit mur.
    Une femme, vêtue d'une longue robe blanche. On ne voyait pas ses mains, juste son visage, sous une épaisse crinière de cheveux rouges.
    Elle avait de grands anneaux d'argent aux oreilles et deux grands colliers de turquoises pendaient sur sa poitrine. Onpouvait entendre le cliquetis des ses bracelets...

    - Tiens Charlotte, Thomas ? Dehors à cette heure ?
    En fait je vous dit cela, mais ici, il n'y a pas d'heure. C'est toujours la bonne heure !

    Nous sommes où se demandait Charlotte quand même vaguement, vaguement inquiète ?

    - Comment , vous ne savez pas ?
    vous êtes au pays des grands Arcanciels.

    - Des Arcanciels comme dans le ciel ?

    - Oui mais ici les gens ont la peau de cette couleur, de ces couleurs je devrais dire.

    Charlotte et Thomas se regardaient, incrédules. Elle doit se tromper, les gens normeaux sont blancs, jaunes , ou noirs, mais pas de toutes les couleurs à la fois.

    - On peut voir ça dit Charlotte ?

    - Je ne sais pas encore .

    - Faut voir qui ?

    - En fait, parfois certains sont plus rouges,ou plus jaunes que d'autres, ou plus bleus, mais c'esttoujours trés joli à voir, du plus bel effet !!!!!

    - Super, je voudrai être bleue se dit Charlotte.

    - Et moi tout jaune, là c'était Thomas qui parlait. C'était sa couleur préférée et quand il faisait de la peinture, parfois on le confondait avec le papier peint de sa chambre, tellement il se barbouillait, oui je serai tout jaune et je ne me ferai même pas gronder.

    La dame au cheveux rougesleur expliqua que ça ne dépendait pas seulement d'elle.
    Il faut que je demande à la grande sorcière, car moi souvent je me trompe dans les mots magiques et parfois je fais des erreurs.
    Cet oiseau, c'était Paul, je suis désolée Paul... Vraiment !

    Paul , le bel oiseau lança un cri de colère qui retentit sur la lagune.
    Il en avait assez de patauger dans la boue et de manger du poisson !! Il détestait ça !

    La femme aux cheveux rouges dit à Paul, qu'il fallait juste attendre la nouvelle lune, et qu'il redeviendrait un petit garçon normal, et surtout qu'elle apprendrait mieux les mots magiques...

    A ce moment un petit coup de vent souleva la robe de la sorcière rouge, juste assez pour qu'on voit ses jambes.

    Houlalalalallala !!!!ses jambes étaient de toutes les couleurs de l'arc en ciel, et c'était beau.

    - Il y a d'autres enfants comme ça ? Nous on aimerait bien voir.

    - Voir ? je vais demander, mais je ne sais pas si on peut voir seulement, il se peut que vous restiez comme ça, de toutes les couleurs !
    vous aimeriez ?

    - Non non , moi je veux rester de la même couleur que mon père et ma mère , pas arc-en-ciel.

    Thomas se disait que jaune ce serait bien, mais il avait compris que c'était tout ou rien. Moi non plus je ne veux pas , et surtout je ne veux pas être un canard ou un oiseau, et si on retournait à la maison demanda-t-il à Charlotte ?

    La femme aux cheveuc rouges souriaient, mais vous êtes chez vous.

    Et c'était vrai, Là c'était chez euxlà sous la lune ronde, sous les étoiles, près de la lagune, oui bien sûr.
    En plissant les yeux, ils pouvaient voir leurs lits, leurs doudous, un lapin pour Charlotte et des foulards pour Thomas.

    Demain, si la lune est encore ronde, nous irons au pays des montagnes bleues, mais ce sera demain........

    La lune était toujours là, bienveillante et ronde, bleutée et douce, et elle serait toujours là pour eux, s'ils voulaient bien la voir, ou la regarder.

     


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  • UN CONTE DE FEE PAS ORDINAIRE

     

     

    Il était une fois dans un royaume très très lointain, comme tout vrai royaume qui se respecte, un roi. Ce roi avait un fils -qui était prince donc- que l’on appelait le prince Thomas. Un jour, le roi appela son fils en ces termes :
    - Mon fils,,. voici qu’approche le jour de ton vingtième anniversaire et tu n’es toujours pas marié. J’ai su dès ta naissance que tu étais un incapable, mais là, tu pousse le bouchon un peu trop loin, mon fils. C’est pourquoi j’ai trouvé pour toi une occasion en or. La princesse Rose Fleur de Violaine a été faite prisonnière par le vilain méchant sorcier Saurorg. J’aimerai que tu ailles la délivrer, et alors, pour te récompenser, elle sera bien obligée de t’épouser, comme le veut la coutume. Le prince Thomas se récria :
    - Mais je la connais même pas, moi, cette princesse ! Qu’est-ce que tu veux que j’aille l’épouser ?
    - Tu sais, mon fils, en plus d’être très belle, elle est très riche !

    Alors, en entendant cet argument qu’il trouva plus que convaincant, le jeune prince s’empressa d’enfourcher sa monture. Une monture, c’est bien sûr un animal sur lequel on peut monter. La plupart du temps c’est un cheval, ce peut être même parfois un âne (Sancho Pança ne se serait jamais passé du sien) mais dans le cas de Thomas, c’était un mouton. Il faut dire que notre prince était très pauvre et que pour dix pistoles, il n’avait pu trouver autre chose, à part peut-être une autruche en très mauvais état qu’un cirque avait déposé en occasion, mais notre prince n’était pas si ridicule que ça, il ne faut quand même pas exagérer !
    Bref, un beau matin, (parce que les matins sont toujours beaux dans les contes de fées), notre prince se met en route sur sa monture qui portait le doux nom de Timoléon, Tim pour les intimes. (Ça ne s’invente pas…). Il rencontra en chemin maints obstacles qu’il brava avec courage, comme par exemple une colonie de fourmis rouges qui ne voulait pas passer par le passage piéton (euh, fourmilier, pardon). Il tomba soudain nez à nez avec une petite créature qui gesticulait, prise au piège dans une toile d’araignée. Le prince Thomas ajusta ses lunettes pour regarder de plus près le petit prisonnier. Il ne mesurait pas plus de dix centimètres, avait la peau bleue et de gigantesques oreilles pointues.
    - Au lieu de me regarder planté là à ne rien faire, cria le petit bonhomme d’une petite voix suraiguë (tout était petit chez lui), tu ferais mieux de me sortir de là ! Le prince s’exécuta et décolla l’elfe en le tirant par un pied, puis le posa dans sa main.
    - Eh ! Je ne suis pas un jouet, moi ! Me secoue pas comme ça ! Le prince s’excusa.
    - Je suis Fleen, un elfe, reprit la créature d’une voix trop solennelle pour lui. Je suis le denier de ma race. Puisque tu m’as sauvé la vie, je me dois de te suivre jusqu’à ce que j’aie épongé ma dette d’honneur ! Et puis de toute façons, je n’ai rien d’autre à faire en ce moment…
    - Mais bien sûr ! Moi je dois aller délivrer une princesse d’un affreux sorcier, et toi, minus comme tu es, tu crois que tu peux m’aider ?
    - Ne m’insulte pas ! La taille ne compte pour rien, et puis, j’ai des pouvoirs magiques ! Le prince leva un sourcil sceptique. Et puis, susurra-t-il, je sais où se trouve le château de ta princesse !
    - Tu ne sais même pas laquelle c’est !
    - Des princesses emprisonnées, y en a pas trente-six !
    - Bon, d’accord… allez, viens !
    Le prince mit Fleen sur son épaule et tous deux (euh, tous trois, n’oublions pas Tim) se remirent en route. Quelques temps après, au détour d’un bosquet, ils virent se dresser devant eux les gigantesques tours du château de Saurorg. C’était un immense château plein de sculptures biscornues et de gargouilles. Quand ils approchèrent, ils s’aperçurent que les douves étaient remplies de lave en fusion et que l’on ne pouvait accéder que par un pont-levis brinquebalant. Tremblants, ils franchirent le pont-levis et arrivèrent devant une grande porte en bois de chêne. Mais elle était fermée, comme de bien entendu, et ils ne purent jamais l’ouvrir. Alors ils se mirent de profil pour faire le tour du château, sur une avancée qui ne faisait pas plus de vingt centimètres. Vous me direz que Fleen n’avait pas besoin, lui, de se mettre de profil vu qu’il était tout petit, mais son cerveau était tout petit aussi…
    En avançant ainsi comme des crabes, certes, ils avaient l’air ridicule (surtout Tim), mais ils trouvèrent une petite ouverture creusée dans la roche. Ils s’y faufilèrent, et rampèrent dans le boyau à quatre pattes. Fleen aussi qui – rappelons-le -avait le cerveau tout petit. Ils débouchèrent alors sur une immense caverne. De là ou ils étaient, ils pouvaient voir la princesse qui était ligotée à un mât. Malheureusement, ils pouvaient voir aussi un immense dragon noir qui montait la garde devant. Alors, soudain, on entendit de gros sanglots. C’était le prince Thomas qui pleurait de désespoir.
    - Mais, on n’y arrivera jamais ! Je retourne chez moi !
    - T’as bien une épée ? Béla Tim (oui, dans les contes de fées, les animaux savent parler.)
    - Même pas, je l’ai oubliée…
    - On est bien alors… Fleen intervint :
    - Je t’avais dit que je pouvais t’aider !
    - Je vois pas comment tu peux faire…pleurnicha Thomas.
    - Arrête de pleurer et laisse moi faire, tu veux ?

    Alors Fleen se mit à gonfler ses joues, des joues aussi larges que ses oreilles. Et il souffla, souffla encore, des milliers de bulles multicolores. Thomas et Tim étaient ébahis, c’était bien joli, mais à quoi ça pouvait servir ? Alors, les bulles allèrent se coller une à une sur les luisantes écailles noires du dragon. Celui-ci, quand il vit que les écailles noires qu’il avait mit si longtemps à lustrer et dont il était si fier étaient de toutes les couleurs, s’écria :
    - Mon dieu ! Quelle horreur ! Regardez moi ce travail ! Et mon standing maintenant ? Comment je vais tenir ma réputation ? Je ne suis plus un vrai dragon maintenant ! Et il courut loin, très loin, pour aller se nettoyer dans la mer. On en était débarrassé, enfin une bonne chose de faite ! Nos trois héros descendirent près de la princesse. Le prince tira sur les cordes, mais comme il n’arrivait pas à défaire les nœuds, et qu’il avait oublié son épée, il se remit à pleurnicher.
    - A mon tout maintenant ! Bêla Tim. Le prince Thomas le regarda d’un air circonspect.
    - Et en quoi tu peux m’être utile, s’il te plait ? Tu vas faire des bulles multicolores ? Sans répondre à cette méchanceté, Timoléon se mit à brouter les cordes à toute vitesse et en moins de temps qu’il en faut pour le dire, la princesse fut libérée.
    - Mm mm mum muum, dit-elle.
    - Il faudrait peut-être lui enlever son bâillon, non ? suggéra Fleen, qui pour une fois une grande idée. Aussitôt dit, aussitôt fait ! La princesse se jeta au cou du prince :
    - Oh, mon sauveur !
    - On se marie, ma belle ? Histoire que j’enrichisse mon royaume ?
    - Le mariage, je veux bien, mais les sous, c’est une autre histoire…
    - Comment ça ?!
    - Il se trouve…euh, que j’ai fait…de mauvais placements en bourse et comment dire… : je suis ruinée.
    - Quoi ? Alors plus question de mariage ! A ce moment très précis le vilain Saurorg entra en trombe (oui, on aurait bien dit une trombe) dans la caverne.
    - J’ai entendu tout ce que vous avez dit ! On se prétend prince et on refuse les faveurs d’une si jolie princesse sous prétexte qu’elle est pauvre ! Mais c’est une honte !

    A partir de ce moment là la princesse ne regarda plus Saurorg -qui n’était pas si vilain que ça- du même œil.

    Le prince Thomas, Tim et Fleen rentrèrent alors penauds au château du roi. Quand Thomas raconta son échec à son père, celui-ci se mit à crier :
    -Bon à rien, fainéant ! Et pour ses remonter, il commanda un verre de cognac à ses domestiques. La porte s’ouvrit alors sur la plus jolie servante que Thomas n’eut jamais vue…

    Le mois suivant, on feta en grandes pompes trois mariages en même temps ; Oui, trois !! Celui de la princesse Rose Fleur de Violaine et de Saurorg, celui de Thomas et d’Héloïse (car c’est comme cela que le servante s’appelait) et … celui de Fleen. Avec qui, me direz-vous, puisqu’il était le dernier de sa race ? Et bien avec la dernière de sa race, Aïnoha, ravissante petite elfe qui travaillait en secret pour Saurorg depuis des années.

    Et comme dans tout conte de fées qui se respecte, ils se marièrent tous et eurent beaucoup d’enfants, euh…et d’elfes !

     

     


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