•  

     

    Cléopâtre embaumait l’Egypte ; toute nue,
    Elle brûlait les yeux, ainsi que le soleil ;
    Les roses enviaient l’ongle de son orteil…


    Victor Hugo

     

     

    Dans la nuit brûlante où la plainte continue
    Du fleuve pleure, avec son grand peuple éternel
    De Dieux, le palais, rêve effroyable et réel,
    Se dresse, et les sphinx noirs songent dans l’avenue.

    La blanche lune, au haut de son vol parvenue,
    Baignant les escaliers élancés en plein ciel,
    Baise un lit rose où, dans l’éclat surnaturel
    De sa divinité, dort Cléopâtre nue.

    Et tandis qu’elle dort, délices et bourreau
    Du monde, un dieu de jaspe à tête de taureau
    Se penche, et voit son sein où la clarté se pose.

    Sur ce sein, tous les feux dans son sang recélés
    Etincellent, montrant leur braise ardente et rose,
    Et l’idole de jaspe en a les yeux brûlés.

     

    Théodore de BANVILLE
    Recueil : "Les princesses"

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique