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    Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
    J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.


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    « Est-ce vous qui allez porter tout cela, Seigneur-Jésus ?
    Rendez-moi patient à mon tour du bois que vous voulez que je supporte,
    Car il nous faut porter la croix avant que la croix nous porte. »


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    Cette nuit comme nuit
    Ai l’esprit
    Ni ici ni là
    En raison
    De n’être pas fleur-ci ni arbre-là ni animal-ci ni végétal-là
    Seulement un être humain ni là ni ici
    Ne sachant pas le dire complètement

    Est-ce là folie ?


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    Cette graine que je tiens
    dans le creux de ma main,
    qu’en naîtra-t-il demain ?
    Un roseau ou un chêne ?
    Quelque plante de jardin ?
    J’ignore et ne m’en plains.
    Mais le coeur me palpite,
    sachant qu’en elle habite
    une vie qui attend
    mon plaisir du moment
    et qui dira : présent
    pourvu que je lui trouve
    bonne terre qui la couve.
    Ainsi, bonne graine attend.

    Cet amour que tu tiens
    dans le creux de ta main,
    qu’en naîtra-t-il demain ?
    Mon bonheur, ou ma peine ?
    Ou mes regrets sans fin ?
    Je l’ignore, ô combien.
    Mais là, mon coeur se glace
    de ne savoir ma place
    au destin qui attend
    ton plaisir du moment.
    Car c’est toi qui choisis,
    et c’est moi qui subis.
    Bonne chienne qui attend.
    Et bon chien s’y entend.


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    Le jeune Printemps, encore hésitant,
    Vient te faire éclore, fragile passiflore,
    Réveillant soudain, grandiose matin,
    Le vol de l’essaim dans les clairs jardins.

    L’Été a tissé, de ses doigts charmants,
    Des champs d’or, pâlis, rêvant de couchants,
    Des rayons fastueux, sous des ciels en feu,
    Ô Astre précieux, dans le firmament.

    L’Automne impétueux, vif et lumineux
    De vives couleurs éblouit nos yeux ;
    Un Impressionniste, au pinceau magique,
    Qui vient dessiner œuvre poétique.

    Le rageux Hiver glace lentement
    Nos prés, nos étangs. Puis, tel un calice,
    La neige si pâle, comme un noble lys,
    Étend, doucement, son long manteau blanc.

    Ainsi de nos vies : aurores éclatantes
    Versant sur les prés des miroirs changeants,
    Sous de clairs soleils, des rires d’enfants,
    Balayés, au soir, par des vents violents.


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