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    comme la lune

    changeante en ses phases,
    toujours tu croîs
    et tu décroîs ;
    vie détestable.
    Tantôt la fortune oppresse,
    tantôt elle avive,
    par le jeu, l’acuité de l’esprit,
    et la pauvreté
    ou la puissance
    elle les dissout comme la glace.

    Sort cruel
    et vain,
    tu es une roue qui tourne,
    une base instable,
    un salut trompeur,
    qui peut se briser à tout instant.
    Quoique dissimulée
    et voilée
    tu pèses aussi sur ma tête ;
    C’est cause de tes jeux criminels
    qu’à présent
    mon dos est nu.

    La chance
    et le succès
    me sont maintenant contraires,
    mes désirs
    et mes refus
    se heurtent à ta tyrannie.
    À cette heure
    sans délai,
    touchez les cordes de vos instruments ;
    car le Sort
    terrasse les forts
    pleurez tous avec moi !

     

     


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    Quelques pas, un saut et il s’élève au Firmament
    Merveilleux être de lumière divine
    Fils élu de cette Nature Sublime
    Alchimie organique des quatre éléments

    Cheval tu es le Feu qui fait brûler le vent
    Le souffle d’Air de la Beauté Parfaite
    L’animal de la Terre au profil d’Athlète
    qui comme l’Eau, coule au gré du Temps

    Pégase de la Nuit je suis Bellérophon
    Pur Sang inaccessible et Roi comme le Lion
    Cheval tu tiens dans ton coeur le monde

    Etalon de légende, passion céleste de Chine
    Puissant comme Perceval, Hercule ou bien Odin
    Tu es l’Universel, tu propages le Bien


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    Puisqu’il n’est point de mots qui puissent contenir,
    Ce soir, mon âme triste en vouloir de se taire,
    Qu’un archet pur s’élève et chante, solitaire,
    Pour mon rêve jaloux de ne se définir.

    O coupe de cristal pleine de souvenir ;
    Musique, c’est ton eau seule qui désaltère ;
    Et l’âme va d’instinct se fondre en ton mystère,
    Comme la lèvre vient à la lèvre s’unir.

    Sanglot d’or !… Oh ! voici le divin sortilège !
    Un vent d’aile a couru sur la chair qui s’allège ;
    Des mains d’anges sur nous promènent leur douceur.

    Harmonie, et c’est toi, la Vierge secourable,
    Qui, comme un pauvre enfant, berces contre ton coeur
    Notre coeur infini, notre coeur misérable.


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  • La perle dans sa coquille,
    Ne se laisse approcher,
    Que par le doux corail.

    Toute autre espèce marine,
    Ne peut prétendre la voir,
    Par-delà ses fumantes bulles.

    La perle dans sa coquille,
    Se retire du brouhaha mondain,
    En s’abritant dans sa maison.

    Tout en y restant cloitrée,
    Elle observe attentivement,
    Ces vies étriquées, éphémères.

    La perle dans sa coquille,
    Aime le doux corail voisin,
    Elle rêve et rêve encore…

    Tout en espérant un jour,
    Pouvoir lui dire les mots,
    Qui les emporteront au loin.

    La perle dans sa coquille,
    Ne se soucie guère qu’ils aient,
    Si peu d’affinités en commun.

    Toute à son admiration sans bornes,
    Elle s’imagine que leur amour sincère,
    Ne saurait s’embarrasser de telles futilités.

     

     

    La perle dans sa coquille Nashmia Noormohamed

     


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    I

    De toutes les belles choses
    Qui nous manquent en hiver,
    Qu’aimez-vous mieux ? – Moi, les roses ;
    – Moi, l’aspect d’un beau pré vert ;
    – Moi, la moisson blondissante,
    Chevelure des sillons ;
    – Moi, le rossignol qui chante ;
    – Et moi, les beaux papillons !

    Le papillon, fleur sans tige,
    Qui voltige,
    Que l’on cueille en un réseau ;
    Dans la nature infinie,
    Harmonie
    Entre la plante et l’oiseau !…

    Quand revient l’été superbe,
    Je m’en vais au bois tout seul :
    Je m’étends dans la grande herbe,
    Perdu dans ce vert linceul.
    Sur ma tête renversée,
    Là, chacun d’eux à son tour,
    Passe comme une pensée
    De poésie ou d’amour !

    Voici le papillon « faune »,
    Noir et jaune ;
    Voici le « mars » azuré,
    Agitant des étincelles
    Sur ses ailes
    D’un velours riche et moiré.

    Voici le « vulcain » rapide,
    Qui vole comme un oiseau :
    Son aile noire et splendide
    Porte un grand ruban ponceau.
    Dieux ! le « soufré », dans l’espace,
    Comme un éclair a relui…
    Mais le joyeux « nacré » passe,
    Et je ne vois plus que lui !

    II

    Comme un éventail de soie,
    Il déploie
    Son manteau semé d’argent ;
    Et sa robe bigarrée
    Est dorée
    D’un or verdâtre et changeant.

    Voici le « machaon-zèbre »,
    De fauve et de noir rayé ;
    Le « deuil », en habit funèbre,
    Et le « miroir » bleu strié ;
    Voici l' »argus », feuille-morte,
    Le « morio », le « grand-bleu »,
    Et le « paon-de-jour » qui porte
    Sur chaque aile un oeil de feu !

    Mais le soir brunit nos plaines ;
    Les « phalènes »
    Prennent leur essor bruyant,
    Et les « sphinx » aux couleurs sombres,
    Dans les ombres
    Voltigent en tournoyant.

    C’est le « grand-paon » à l’oeil rose
    Dessiné sur un fond gris,
    Qui ne vole qu’à nuit close,
    Comme les chauves-souris ;
    Le « bombice » du troëne,
    Rayé de jaune et de vent,
    Et le « papillon du chêne »
    Qui ne meurt pas en hiver !…

    Voici le « sphinx » à la tête
    De squelette,
    Peinte en blanc sur un fond noir,
    Que le villageois redoute,
    Sur sa route,
    De voir voltiger le soir.

    Je hais aussi les « phalènes »,
    Sombres hôtes de la nuit,
    Qui voltigent dans nos plaines
    De sept heures à minuit ;
    Mais vous, papillons que j’aime,
    Légers papillons de jour,
    Tout en vous est un emblème
    De poésie et d’amour !

    III

    Malheur, papillons que j’aime,
    Doux emblème,
    A vous pour votre beauté !…
    Un doigt, de votre corsage,
    Au passage,
    Froisse, hélas ! le velouté !…

    Une toute jeune fille
    Au coeur tendre, au doux souris,
    Perçant vos coeurs d’une aiguille,
    Vous contemple, l’oeil surpris :
    Et vos pattes sont coupées
    Par l’ongle blanc qui les mord,
    Et vos antennes crispées
    Dans les douleurs de la mort !…

     

    Les papillons Gérard de Nerval


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