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    Au clos de notre amour, l’été se continue :
    Un paon d’or, là-bas, traverse une avenue ;
    Des pétales pavoisent
    – Perles, émeraudes, turquoises –
    L’uniforme sommeil des gazons verts
    Nos étangs bleus luisent, couverts
    Du baiser blanc des nénuphars de neige ;
    Aux quinconces, nos groseilliers font des cortèges ;
    Un insecte de prisme irrite un coeur de fleur ;
    De merveilleux sous-bois se jaspent de lueurs ;
    Et, comme des bulles légères, mille abeilles
    Sur des grappes d’argent vibrent au long des treilles.

    L’air est si beau qu’il paraît chatoyant ;
    Sous les midis profonds et radiants
    On dirait qu’il remue en roses de lumière ;
    Tandis qu’au loin, les routes coutumières
    Telles de lents gestes qui s’allongent vermeils,
    A l’horizon nacré, montent vers le soleil.

    Certes, la robe en diamants du bel été
    Ne vêt aucun jardin d’aussi pure clarté.
    Et c’est la joie unique éclose en nos deux âmes,
    Qui reconnaît sa vie en ces bouquets de flammes.


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  • Le Soleil couronné de rayons et de flammes
    Redore nostre aube à son tour :
    Ô sainct Soleil des Saincts, Soleil du sainct amour,
    Perce de flesches d’or les tenebres des ames
    En y rallumant le beau jour.

    Le Soleil radieux jamais ne se courrouce,
    Quelque fois il cache ses yeux :
    C’est quand la terre exhalle en amas odieux
    Un voile de vapeurs qu’au devant elle pousse,
    En se troublant, et non les Cieux.

    Jesus est toujours clair, mais lors son beau visage
    Nous cache ses rayons si doux,
    Quand nos pechez fumans entre le Ciel et nous,
    De vices redoublez enlevent un nuage
    Qui noircit le Ciel de courroux.

    Enfin ce noir rempart se dissout et s’esgare
    Par la force du grand flambeau.
    Fuyez, pechez, fuyez : le Soleil clair et beau
    Vostre amas vicieux et dissipe et separe,
    Pour nous oster nostre bandeau.

    Nous ressusciterons des sepulchres funebres,
    Comme le jour de la nuict sort
    Si la premiere mort de la vie est le port,
    Le beau jour est la fin des espaisses tenebres,
    Et la vie est fin de la mort.

     


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    Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
    J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.


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    « Est-ce vous qui allez porter tout cela, Seigneur-Jésus ?
    Rendez-moi patient à mon tour du bois que vous voulez que je supporte,
    Car il nous faut porter la croix avant que la croix nous porte. »


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    Cette nuit comme nuit
    Ai l’esprit
    Ni ici ni là
    En raison
    De n’être pas fleur-ci ni arbre-là ni animal-ci ni végétal-là
    Seulement un être humain ni là ni ici
    Ne sachant pas le dire complètement

    Est-ce là folie ?


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