• le poete

     

     
    On lit parfois un poème
    D'un oeil distrait amusé
    Comme un regard que l'on promène
    Sur  un paysage familier ,usé
    On le parcours ,l'esprit bohème
    Sans entendre parfois ce qui l'a influsé
    On ne soupçonne pas souvent les peines
    On ne distingue pas vraiment
    Les joies qui l'ont arrosé
    On le trouve joli, ou bien laid
    Juste une fantaisie
    Sans importance ...
    Sans deviner l'ame écorchée
    Qui y laisse éclater les pensées
    Le poète est comme la fleur
    Il compose ses parfums , ses couleurs
    Il éclos ou il pique...
    C'est ainsi qu'il écrit .
    bea
     
    merci de ne pas prendre le texte! il m'appartient

     


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    L’école était au bord du monde,
    L’école était au bord du temps.
    Au dedans, c’était plein de rondes ;
    Au dehors, plein de pigeons blancs.
    On y racontait des histoires
    Si merveilleuses qu’aujourd’hui,
    Dès que je commence à y croire,
    Je ne sais plus bien où j’en suis.
    Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
    Comme on n’en trouve nulle part,
    Et, dans la cour gonflée de hêtres,
    Il pleuvait de l’or en miroirs.
    Sur les tableaux d’un noir profond,
    Voguaient de grandes majuscules
    Où, de l’aube au soir, nous glissions
    Vers de nouvelles péninsules.
    L’école était au bord du monde,
    L’école était au bord du temps.
    Ah ! que n’y suis-je encor dedans
    Pour voir, au dehors, les colombes.


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    Elles aiment vivre en société
    Pour s'entraider, coloniser
    Et au service d'une reine
    Prospérer sans compter leur peine.
    Ainsi de pistil en corolle,
    On ne les voit jamais frivoles
    Même si c'est avec délices
    Qu'elles s'énivrent à tous les calices.
    Elles vont bien sûr de fleur en fleur
    Mais ne les croyez pas volages
    Car elles oeuvrent à toute heure
    Butinant tout sur leur passage.

    Nourrice, gardienne, ouvrière,
    Ventileuse ou bien charpentière
    Chacune tient duement son rôle
    Dans la ruche et ses alvéoles
    Mais quand il se niche au balcon
    L'essaim se gonfle frémissant
    Et voilà qu'un vif aiguillon
    Vient piquer les désirs pressants.
    Elles vont bien sûr de fleur en fleur
    Mais ne les croyez pas volages
    Car elles oeuvrent à toute heure
    Butinant tout sur leur passage.

    Quand elles s'en vont dare-dare
    Récolter miellat et nectar
    Les pommes pour l'apiculteur
    Peuvent bien compter pour du beurre.
    Leurs rayons sont pleins à ras bord
    De ce butin jaune comme l'or
    Quand voisinent autour du rucher
    Lavande, thym ou châtaigniers.
    Elles vont bien sûr de fleur en fleur
    Mais ne les croyez pas volages
    Car elles oeuvrent à toute heure
    Butinant tout sur leur passage.

    Pas besoin d'un' taille de guêpe
    Pour que l'abeille ait des adeptes
    Et' les ours les plus mal léchés
    En oublient leur méchanceté.
    C'est vrai que la gelée royale
    Sans jeter d' froid est un régal
    Et leur miel plus doux qu' le coton
    Ne peut nous filer le bourdon!
    Elles vont bien sûr de fleur en fleur
    Mais ne les croyez pas volages
    Car elles oeuvrent à toute heure
    Butinant tout sur leur passage


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    Les sycomores bleus balancent au Zéphyre
    Leur fastueux panache où nichent des ibis
    Si roses qu'on dirait des jouets de rubis.
    Le Sphinx les fixe avec ses regards de porphyre. 


    Le ciel illimité déroule son délire
    Sur le sable, pareil au sommeil des zombis,
    Que les cailloux de miel couvrent de clairs habits.
    Mais quel fleuve lointain fait résonner sa lyre ?


    C'est Lui, le Nil sacré, fils éternel des monts !
    Sous les faucons d'agate et les éperviers mauves
    Il s'avance, entouré du hurlement des fauves ;


    Et l'ermite, que trouble un troupeau de démons, Rêve dans sa caverne, à l'ombre des pilastres,
    Aux fruits de paradis que mûrissent les astres.

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    La Seine a de la chance

    Elle n’a pas de soucis

    Elle se la coule douce

    Le jour comme la nuit

    Et elle sort de sa source

    Tout doucement sans bruit

    Et sans se faire de mousse

    Sans sorti de son lit

    Elle s’en va vers la mer

    En passant par Paris

    La Seine a de la chance

    Elle n’a pas de soucis

    Et quand elle se promène

    Tout le long de ses quais

    Avec sa belle robe verte

    Et ses lumières dorées

    Notre-Dame jalouse

    Immobile et sévère

    Du haut de toutes ses pierres

    La regarde de travers

    Mais la Seine s’en balance

    Elle n’a pas de soucis

    Elle se la coule douce

    Le jour comme la nuit

    Et s’en va vers le Havre

    Et s’en va vers la mer

    En passant comme un rêve

    Au milieu des mystères

    Des misères de Paris.

     

     Jacques Prévert (1900-1977) 


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